Le développement harmonieux d’un enfant dépend grandement de la relation qu’il entretient avec ses parents. Pourtant, selon le docteur Gene Beresin, professeur de psychiatrie à la Harvard Medical School, certaines pratiques parentales peuvent engendrer un ressentiment durable chez les enfants. Dans un article publié le 5 avril 2025 dans le HuffPost, ce spécialiste définit le ressentiment comme « un état de colère et de tristesse dû au sentiment d’être traité injustement ». Observons ensemble les comportements parentaux qui risquent de créer cette blessure émotionnelle chez nos enfants.
Quand l’incohérence parentale blesse l’enfant
Les règles familiales constituent le cadre sécurisant dont les enfants ont besoin pour grandir sereinement. Malheureusement, l’inconstance dans l’application de ces règles peut perturber leur développement émotionnel. Le docteur Beresin souligne que cette instabilité représente un terreau fertile pour le développement du ressentiment chez l’enfant.
Imaginez un parent qui interdit catégoriquement les écrans pendant la semaine, puis cède facilement face aux protestations de son enfant. Cette incohérence envoie des signaux contradictoires. L’enfant comprend rapidement que les limites sont floues et que son comportement peut influencer les décisions parentales de façon imprévisible.
« Bien sûr, nous pouvons parfois faire preuve de souplesse en autorisant exceptionnellement une soirée tardive ou un dessert supplémentaire, » précise Gene Beresin. « Mais ces entorses aux règles doivent rester des événements spéciaux clairement identifiés comme tels. Une incohérence régulière et imprévisible engendre confusion et ressentiment. »
Les parents doivent comprendre qu’une discipline constante n’équivaut pas à une rigidité excessive. Il s’agit plutôt d’établir un cadre prévisible où l’enfant peut évoluer en confiance. Les exceptions aux règles, lorsqu’elles sont présentées comme telles et non comme une remise en question permanente du cadre, peuvent même renforcer le lien parent-enfant sans alimenter le ressentiment.
Les promesses brisées qui détruisent la confiance
Qui n’a jamais promis à son enfant une sortie au parc annulée ensuite pour cause de pluie ou d’imprévu? Selon Keneisha Sinclair-McBride, psychologue clinicienne à l’hôpital pour enfants de Boston, ces promesses non tenues représentent une source majeure de ressentiment chez les enfants, même lorsque les raisons semblent légitimes aux yeux des adultes.
« C’est difficile, car en tant qu’adulte, on a souvent une bonne raison de renoncer à ce qu’on avait promis, » explique la spécialiste. « Mais l’enfant ne le voit pas ainsi. Il avait une attente, il était enthousiaste, et maintenant, elle n’est pas satisfaite. »
Les promesses créent des attentes particulièrement fortes chez les enfants. Lorsqu’elles sont régulièrement brisées, l’enfant peut développer un sentiment d’injustice qui se transforme progressivement en ressentiment. Plus grave encore, cette expérience répétée peut endommager durablement sa capacité à faire confiance, non seulement à ses parents mais aussi aux autres adultes de son entourage.
Les parents soucieux d’éviter ce piège devraient s’efforcer de ne promettre que ce qu’ils sont certains de pouvoir offrir. Face à l’incertitude, mieux vaut présenter les projets comme des possibilités plutôt que comme des engagements fermes. Cette nuance préserve l’enthousiasme de l’enfant tout en le préparant à d’éventuelles déceptions.
L’absence d’explications qui nourrit l’incompréhension
Les décisions parentales peuvent sembler arbitraires aux yeux des enfants lorsqu’elles ne sont pas accompagnées d’explications adaptées à leur âge. Cette lacune constitue la troisième source majeure de ressentiment identifiée par les experts.
L’exemple classique concerne les différences de traitement entre frères et sœurs. Un enfant de six ans comprendra difficilement pourquoi il doit se coucher plus tôt que son frère aîné si personne ne lui explique le lien entre sommeil et développement. Sans cette explication, la règle apparaît comme une punition injuste plutôt qu’une mesure bienveillante.
« Il est essentiel d’expliquer que donner à chacun ce dont il a besoin ne signifie pas toujours que tout le monde reçoit exactement la même chose, » souligne Keneisha Sinclair-McBride. Cette distinction entre égalité et équité représente un concept sophistiqué que les enfants peuvent intégrer progressivement si on prend le temps de le leur expliquer.
Les parents devraient donc s’efforcer de communiquer leurs raisons de manière adaptée au niveau de compréhension de l’enfant. Cette pratique non seulement réduit le risque de ressentiment, mais développe également les capacités de raisonnement et d’empathie de l’enfant. Comprendre les motivations derrière une règle transforme l’obéissance passive en adhésion active.
Vers une parentalité consciente et réparatrice
Reconnaître ces trois erreurs constitue la première étape vers une parentalité plus consciente. Nul parent n’est parfait, mais la volonté de se remettre en question permet souvent de réparer les blessures émotionnelles avant qu’elles ne s’enracinent profondément.
Si vous réalisez avoir commis l’une de ces erreurs, n’hésitez pas à ouvrir le dialogue avec votre enfant. Reconnaître sincèrement ses torts et s’engager à faire mieux représente un modèle puissant pour l’enfant. Cette démarche lui enseigne que les erreurs font partie de l’apprentissage et que les relations peuvent se réparer grâce à une communication authentique.
Cultiver la cohérence, respecter ses engagements et expliquer ses décisions demande certes plus d’efforts dans l’immédiat. En revanche, ces pratiques construisent une relation parent-enfant solide et préservent la santé émotionnelle des plus jeunes. Le ressentiment laisse alors place à la confiance et au respect mutuel, fondements d’une famille épanouie.
